mardi 31 janvier 2012

NAPOLEONLAND

Il existe au fin fond du Sud Seine et Marne, une ville, une toute petite ville de 18 000 habitants environ, dont l'édile voue un culte à Napoléon.

Rien de franchement original me direz vous, avec raison. Sachez cependant qu'il ne s'agit pas de Fontainebleau, pourtant légitime en la matière. Il s'agit de la ville dans laquelle à eu lieu une bataille épique, le 18 Février 1814. Sans hésitation vous aurez reconnu Montereau fault Yonne.

Nous ne rappellerons pas l'ensemble de cette bataille homérique qui fut si cruelle que même les livres d'histoire refusent d'en faire mention. Non, parlons plutôt du culte voué par le député-maire Jégo à Napoléon. Tout deux rêvaient d'entrer dans l'histoire et de la faire.
L'un a réussi, l'autre, a défaut d'entrer dans l'histoire, fait des histoires. Et en raconte même mais c'est un autre sujet...
Quant l'un a durablement modifié la France, son fonctionnement (code civil, départements etc ) l'autre défend un Label France. Toujours l'idée de la France rayonnante. Si ce n'est par l'exemple, ce sera par ... quoi donc ?

L'un et l'autre partagent une triste vague d'extermination: l'un a conquis l'Europe en faisant un million de victimes civiles (pertes collatérales, traduire par : pas de chance ! ) et l'autre perdu des emplois (délocalisations, traduire par : pas de chance ! ) en ne sachant pas mener de politique dynamique.

Comme l'objet de son culte, Y. Jégo partage un goût prononcé pour le despotisme et l'autocratie.

En l'honneur de son illustre modèle, et pour concrétiser son label Origine France, Yves JEGO propose de créer un parc d'attraction sur le thème de Napoléon. Heureusement (ou pas !) le ridicule ne tue pas, sinon il faudrait faire des élections anticipées. Ce qui pourrait être une bonne chose pour cette ville mais halte aux spéculations. "Il faut des fêtes bruyantes aux populations, les sots aiment le bruit, et la multitude, c'est les sots" dixit Napoléon.

Imaginons donc ce parc:

Accueilli par des grognards commercialement rigolards, nous serions mobilisés dans un régiment de touristes et nous marcherions, en long, en large, dans des paysages artificiels rappelant les pays glorieusement conquis. Une parade de Hussards, sur de fringants chevaux, passerait devant nous.
Les écuyers feraient monter nos enfants sur des poneys.

Nous nous perdrions avec délice dans les dédales d'un labyrinthe figurant le code civil, jusqu'à trouver notre sauveur, au coeur dudit labyrinthe, une reproduction d'un avocat sur les flancs duquel serait gravé le moyen de s'en sortir.

Une balade organisée par le train des équipages. (Véritablement créé par Napoléon.)

Une promenade mélancolique sur l'Yonne, rebaptisée Bérezina pour le coup. Fin de parcours avec un feu d'artifice tiré par les canons, si chers a Napoléon.

La sortie nous ferait passer devant une statue des deux grands hommes, Napoléon et Jégo, bras dessus-dessous, qui partageraient la même légende, souvent citée par le maire: " le boulet qui m'emportera n'est pas encore fondu ! " A vrai dire, il serait bon de lui ouvrir les yeux car il est entouré par un certain nombre de boulets qui finiront par l'emporter.

Aucune chance qu'un tel parc voie le jour, heureusement. Les quelques 200 millions d'euros nécessaires auront trouvé une bien meilleure affectation dans une politique locale.

Appliquant jusqu'au bout les préceptes de son mentor qui disait " si vous escomptez avoir du succès dans le monde, promettez tout, ne donnez rien " , Yves Jégo ne prend jamais aucun risque. Sauf peut être celui d'être ridicule mais ce n'est pas mortel...


Le Trublion





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire